Anniversaire un peu spécial

Anniversaire un peu spécial

formule 1 Juan Manuel Fangio Histoire

En jouant un peu avec les chiffres de la Formule 1, parce que chacun ses hobbies ne me jugez pas, j’ai remarqué un anniversaire un peu spécial. En effet, cette année 2017 célèbre le 60e anniversaire du dernier titre de champion du monde de Juan Manuel Fangio. Et à cette occasion une petite revue de sa carrière vaut le coup d’œil.

Parce que le bonhomme est connu dans ce sport, peut être pas si vous venez de découvrir la F1 (les années 50 ça remonte un peu) mais si vous avez fouillé un minimum dans le passé de cette discipline, ce nom « Fangio » ne vous est pas inconnu.

Juan Manuel Fangio nait le 24 juin 1911 à Balcarce en Argentine d’une famille modeste. Durant son enfance, il se passionne pour la mécanique au point d’en abandonner l’école pour se lancer dans le monde du travail auprès de concessionnaires. Il participe à 18 ans à sa première course automobile mais en tant que copilote. Ce n’est qu’en 1933 qu’il prit cette fois le volant.

Il débuta sa carrière au sein de l’Amérique du sud et principalement en Argentine, soutenu par le président de la République de l’époque, grand passionné de voitures et qui voyait avec le sport auto, un outil politique de mise en valeur du pays. Fangio avait le vent en poupe et ses résultats prometteurs lui permirent d’être remarqué par les grands pilotes européens, et par les écuries dont Alfa Romeo qui l’engage pour le premier championnat du monde en 1950.

Cette saison 1950 est dominée par Alfa, Juan Manuel Fangio réalise le premier hat trick (pole + victoire + meilleur tour en course)  de l’histoire au deuxième Grand-Prix à Monaco ; il s’agissait également du premier succès de l’argentin en F1. Malgré trois victoires cette année, les ennuis mécaniques trop nombreux permettront à son rival et équipier Giuseppe Farina de remporter le titre mondial.

Fangio compte bien prendre sa revanche l’année suivante, qui commence de la meilleure des manières avec deux victoires au bout des trois premières courses. Mais la montée en puissance des Ferrari et le talent d’Alberto Ascari pousse l’argentin à disputer le titre lors de la dernière épreuve à Barcelone. Toutefois une erreur de choix de pneus de la Scuderia l’empêche de rivaliser avec Fangio qui remporte alors sa sixième course en Formule 1 (en 13 participations) et le championnat du monde tant souhaité.

1952 est une année compliquée pour la F1. Le manque d’équipes pousse les organisateurs à caler le règlement sur celui moins couteux des Formule 2. Il ne faudra attendre que 1954 avant qu’un règlement « F1 » ne revoit le jour. Les Ferrari sont imbattables durant ces deux années de transition, Juan Manuel Fangio a rejoint Maserati en 52 après le retrait d’Alfa, mais un effroyable accident lors d’une épreuve hors championnat à Monza, blesse gravement l’argentin aux cervicales. Il lui faudra plusieurs mois de convalescence avant de revenir en compétition l’année suivante. Une année remplie de podiums dont une victoire… à Monza, n’empêchant pas le talentueux Ascari de remporter son deuxième titre mondial consécutif.

La maitrise de Fangio intéresse alors une grosse entreprise gourmande de victoires : Mercedes (et oui déjà dans les années 50 ils faisaient parler d’eux). Un contrat est signé pour les 2 années à venir (1954 – 1955) et la W196 est plus que prometteuse. Fangio écrase le championnat 54 remportant six des huit courses auxquelles il a participé. Il remporte également le titre en 1955 mais cette année est sinistrement connue pour ses catastrophiques 24 heures du Mans ; dont un accident dans lequel Fangio évite le drame de peu, causa la mort de plus de 80 spectateurs.

Mercedes se retire de la compétition après l’année 1955 et Juan Manuel Fangio trouve refuge en 1956 au sein de l’équipe Ferrari, Enzo ayant eu des vues sur ce prodige qu’est l’argentin. La saison ne se déroule pas de la meilleure des manières. Des tensions montent entre Fangio et son équipe atteignant le point de non retour. L’argentin termina la saison chez les rouges en remportant un nouveau titre de champion avant de quitter l’écurie malgré les succès.

Il trouva de nouveau refuge chez les voisins italiens de Maserati pour cette saison 1957, mémorable pour sa conclusion. Juan Manuel fait une véritable démonstration au cours de cette année. Sur les quatre courses qu’il a effectuées avant la manche Allemande, il en a remporté trois. Il possède une telle avance qu’il peut remporter le titre sur le Nürburgring alors qu’il reste encore trois épreuves. Le GP d’Allemagne 1957 est connu pour être la course la plus mémorable de l’histoire de Fangio. Alors que les Ferrari mènent la course, l’argentin se retrouve 45 secondes derrière la première place en moitié de manche, après un arrêt laborieux. Il parviendra alors à rattraper son retard, battant huit fois le record de la piste (de plus de 20 km je tiens à le préciser !) et dépassant le leader Mike Hawthorn, dans le dernier tour, non sans un passage sur le gazon qui plus est ! Il s’agissait de la 24e victoire de la carrière du prodige argentin lui permettant ainsi de remporter son cinquième titre mondial (son quatrième consécutif). Ces trois exploits simultanés seront également les derniers du maitre. À l’arrivée du GP d’Allemagne, le pilote était épuisé, il avait tout donné et clamait que plus jamais il ne pourrait conduire ainsi.

Fangio annonce alors son retrait progressif de la compétition en 1958. Toujours sous les ailes de Maserati, il ne participe qu’au GP d’Argentine et au GP de France avant de mettre un terme à sa carrière.

Durant le restant de sa vie, Fangio fut un admirateur passionné de la Formule 1, ne tarissant pas d’éloges envers Ayrton Senna notamment. Des suites d’un arrêt cardiaque, Juan Manuel Fangio s’éteint le 17 juillet 1995 à l’âge de 84 ans.

Avec cet article je souhaitais vous faire revivre une époque oubliée de la Formule 1, le poids des années en étant probablement responsable ; et vous rappeler qu’avant Hamilton, Vettel, Schumacher ou Senna, il y avait un homme au talent monstrueux pour son époque. Juan Manuel Fangio c’est 24 victoires en 51 grand prix, aucun autre champion ne possède un tel pourcentage de victoires (47.04%), 29 pôles position (56.86% de ses courses réalisées) et 23 meilleurs tours (43.10%). Son aura a suscité le respect au sein du paddock des années 50 à tel point qu’une anecdote à son sujet me donne des frissons à chaque fois que je la raconte. Lors de son dernier Grand-Prix, à Reims, Fangio en proie à des ennuis d’embrayage, doit ralentir son rythme pour finir la course. Mike Hawthorn alors leader, et futur champion de monde 1958, rattrape la Maserati diminuée sur le point de se faire prendre un tour. Mais Hawthorn reste derrière Fangio sans jamais le dépasser jusqu’à la fin du Grand-Prix. Quand il lui sera demandé les raisons de son geste, le britannique répondra « On ne met pas un tour à cet homme là ». Un geste d’une élégance aussi grandiose que ne le sont la carrière et la marque de respect imposées par Juan Manuel Fangio.

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